La paracha Kora’h ouvre une faille : celle du refus d’une autorité jugée illégitime. Kora’h conteste l’autorité de Moïse, au nom d’une égalité mal comprise. La révolte éclate au sein même de la famille lévitique : les conflits de pouvoir sont souvent des conflits de proximité. Notre dossier interroge la manière dont l’autorité s’installe, se conteste, ou déraille. À travers l’histoire de figures rabbiniques, les enjeux éducatifs, ou la conception du consentement dans le droit juif, c’est tout un paysage de la légitimité qui se dessine. Loin d’une obéissance aveugle, une question essentielle se pose: à quelles conditions une parole fait-elle loi ?
Dieu promet une terre à Abraham... sans préciser laquelle. Le verset dit simplement : "va-t'en vers la Terre que Je te montrerai." La concrétisation de la promesse divine en revient donc aux hommes. Au-delà du choix du territoire et de sa conquête, quelles sont les implications de la promesse ? En quoi nous oblige-t-elle ? Et surtout, en quoi cette Terre se distingue-t-elle des autres terres ? Nos conférenciers s'emparent de ces questions et réfléchissent à la dialectique exil / sédentarisation qui sous-tend le rapport du peuple juif à son foyer.
Dans la paracha Behaaloteh’a, le peuple se lasse de la mane et réclame de la viande, réveillant la colère divine et la perplexité de Moïse. Ce cri du ventre vient percuter les exigences de la sainteté alimentaire. La viande dans la tradition juive n’est jamais seulement matière : elle est marquée par le rite, chargée de sens et par conséquent, encadrée de lois. Entre les interdits de la cacherout, la séparation du lait et de la viande, les débats autour de l’abattage rituel, mais aussi les réflexions contemporaines sur le végétarisme ou le rapport éthique à l’animal, ce dossier explore ce que signifie "manger de la viande" dans le judaïsme.
Yom Haatsmaout célèbre l’accomplissement d’un espoir millénaire : le retour du peuple juif sur sa terre. Plus qu’une fête nationale, cet événement historique marque la renaissance d’une nation après des siècles d’exil. Entre histoire, politique et mémoire collective, Yom Haatsmaout rappelle le chemin parcouru et les défis relevés pour faire d’un rêve ancien une réalité contemporaine.
Quitter l'esclavage égyptien mais pour faire quoi? L'horizon de l'affranchissement de Pessa'h est celui d'un changement de maître et d'une nouvelle soumission: le joug des commandements reçus au Sinaï, cinquante jours plus tard. A l'opposé de la tyrannie pharaonique, la Tora se veut cependant un programme de désaliénation de l'homme. Une liberté qui se déploie dans le cadre d'une Loi, conçue comme l'instrument d'émancipation en profondeur des êtres humains. Nos conférenciers dessinent les contours de l'étroit sillon, entre déterminisme asphyxiant et liberté sans bornes, sur lequel il est possible de cheminer.
Ariel Wizman, Daniel Filatre, David Hansel, Eric Hoppenot, Georges Hansel, Isy Morgensztern, Jacques Assaraf, Jan Sokol, Jo Toledano, Marie-Anne Lescourret, Martin-Beck Matustik, Sol Neely
Les sacrifices, longuement décrits dans le livre du Lévitique, semblent être des usages archaïques au lecteur moderne. Le mot Korban (sacrifice), dérive de la racine hébraïque karov, qui signifie "proche". Mais se rapprocher de quoi ou de qui ? De soi-même, de Dieu ou des autres envers qui nous avons fauté ?Des prophètes qui en ont dénoncé l'hypocrisie jusqu'à Maïmonide qui en propose une lecture rationnelle, les maîtres n'ont eu de cesse d'interroger l'actualité et la pertinence du rite sacrificiel. Notre dossier explore la signification des korbanot, leur fonction dans le cheminement religieux et leur résonance dans le judaïsme contemporain.
Alors que le judaïsme s'est construit sans Temple depuis près de 2000 ans, sa mémoire et l'horizon de sa reconstruction restent centraux dans les prières et les rites juifs au quotidien. L'existence même d'un Temple pose toutefois question: pourquoi Dieu a-t-il "besoin" d'un lieu matériel pour que se produise la rencontre avec les hommes? Comment le fini peut-il contenir l'infini? Le risque d'idolâtrie n'est-il pas inhérent à la pratique des sacrifices? Nos conférenciers explorent les enjeux, tensions et potentialités inhérentes à l'idée d'espace sacré.
Six jours pour façonner l’univers, un seul pour lui donner un sens. Chabbat marque le premier repos de l’Histoire : celui de Dieu après la création du monde. Mais se reposer, ici, ne signifie pas cesser d'exercer un travail, au sens où on l'entend communément – c’est donner un sens au temps, affirmer que l’homme ne se définit pas seulement par ce qu’il produit. Cesser l’ouvrage, c’est redonner au monde sa respiration originelle.
Dans la paracha Vayakel, Moïse rappelle aux hébreux que même la construction du Tabernacle doit être suspendue ce jour-là. Nos intervenants explorent les différentes facettes de cet arrêt hebdomadaire qui libèrent du tumulte quotidien, et donne une autre couleur à notre existence.
A Pourim on est tenu de boire "jusqu'à confondre Haman et Mardochée". Centrale dans le récit du rouleau d'Esther, la consommation de vin rythmera à nouveau la soirée de Pessa'h, pile un mois plus tard, avec les quatre coupes qui ponctuent les étapes du Seder. Véhicule de la Délivrance, le vin peut toutefois aussi être celui de la chute: la vigne est identifiée, selon une opinion, comme le fruit interdit consommé par Adam et Eve et elle signe successivement la débauche de Noé puis de Loth. A travers les exemples bibliques et en particulier du cas du Nazir (l'abstinent), nos conférenciers explorent le rapport ambivalent que la tradition juive entretient avec la consommation d'alcool.
Si le vêtement (begued) dérive en hébreu de la même racine que la trahison (bogued) c'est qu'il dévoile de nous autant qu'il cache. De la nudité d'Adam et Eve au déguisement de Pourim, en passant par les costumes des prêtres et les franges rituelles (tsitsit), le judaïsme accorde aux habits une importance symbolique qui dépasse leur fonction utilitaire. Notre dossier explore les multiples coutures de l’habit dans la tradition juive: sa fonction dans l'économie religieuse, la tension autour de la notion de pudeur.
La loi juive est souvent perçue comme un cadre rigide et figé. Pourtant, la Torah et ses commentaires n’ont cessé de produire un droit en dialogue avec les réalités de chaque époque. La hala'ha (littéralement: cheminement) s’inscrit dans une dynamique qui interroge autant qu’elle structure la vie juive. Tantôt écrite, tantôt orale, parfois souple, parfois rigide: notre dossier explore la richesse et la complexité de cette tradition légale. Comment la loi juive s’adapte-t-elle aux défis modernes ? Entre orthodoxes et libéraux, le dialogue sur l’interprétation est-il encore possible ? À travers des entretiens, analyses et conférences, nos intervenants mettent en lumière les oscillations d’une loi juive polymorphes.
Une importante partie du récit de l'Exode consiste en un duel suivi entre Moïse, envoyé de Dieu, et Pharaon. Le monarque égyptien, enfermé dans sa toute-puissance, se vit comme une divinité terrestre et s'arc-boute à son pouvoir au risque de provoquer la dévastation de son pays. Une hybris archétypal du régent qui se sent affranchi de toute morale, se vit au-dessus des lois et s'arroge le droit de disposer du destin des hommes. Du Pharaon égyptien aux tyrans contemporain, nos conférenciers dressent un panorama des facettes de l'ivresse que procure la fonction suprême.
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