Voici un texte écrit par ma femme, Evelyn Ascot, - déportée en 1942 à quatre ans à Bergen-Belsen - et l'on me pardonnera de vous le proposer. D'autant que lorsque j'ai trouvé un matin ces pages noircies, une nuit d'insomnie, et que j'ai souhaité les prendre pour les publier, Evelyn n'a pas voulu. "Je n'ai pas écrit cela dans ce but, il fallait que cela sorte un jour » a-t-elle dit. Si elle a accepté finalement, c'est pour que cela soit sa contribution sur la choa : "Après ma génération, a-t-elle expliqué, il n'y aura plus personne pour témoigner, pour raconter et la choa sera de l'histoire, une histoire. » Evelyn n'avait jamais parlé de son enfance, dans les camps de concentration. Ni à ses enfants, ni à moi, son mari. Ces instantanés - ainsi que "le chapeau" qui est d'elle - nous les publions tels qu'elle les a écrits avec les redites, la syntaxe, les « hollandismes » que le texte original contient. Il n'était pas possible, en effet, d'altérer, si peu que ce soit, l'authenticité d'un témoignage que pour notre part - mes collaborateurs et moi-même - nous avons trouvé bouleversant.