Ce séminaire est le
dernier que donna Benny Lévy, celui duquel est tiré son ultime livre : Être
juif. Étude lévinassienne. Il s’inscrit dans la continuité du précédent.
L’année précédente en effet, B. Lévy avait interrogé les textes de Schelling et
de Rosenzweig surtout. Levinas avait été abordé très rapidement. Il s’agit
maintenant d’y revenir pour penser plus loin, pour faire un pas en avant. D’où
le titre du séminaire : « La pensée du Retour après Rosenzweig
et Lévinas ». Car si la pensée du Retour s’esquisse chez Lévinas, elle ne
s’y déploie pas. Il faut donc l’en dégager, revenir à sa matrice et en forcer
l’éclosion, qui rencontre dans les textes de Lévinas, une certaine résistance –
d’où la nécessité de penser « avec Lévinas en dépit de Lévinas »
comme le dira la préface d’Être juif. Mais la prise de distance ne
résulte pas d’arguments extérieurs opposés à ceux de Lévinas, elle vient des
tensions qui parcourent les textes de Lévinas eux-mêmes. Le cours est d’une
très grande densité et d’une très forte intensité ; il présente
l’originalité d’être le premier – et le seul – cours de B. Lévy qui ne prenne
pas appui sur un texte, mais s’efforce de déployer une notion : celle de
« pensée du retour » dont B. Lévy commence par clarifier le sens
avant de revenir sur le dialogue subreptice entre Sartre et Levinas autour de
la « question juive ». Il se penche afin sur la question du mal
absolu en faisant jouer les textes de Lévinas les uns contre les autres – c’est
la partie la plus incandescente du cours qu’il faut suivre avec attention et
patience.