Au XIXème siècle, différents processus socio-économiques et politiques, et en particulier le développement du commerce international, ont commencé à ouvrir le monde arabo-musulman à l’influence européenne et à sa culture. Ce vaste espace était alors dominé par l’Empire Ottoman, avec ses dépendances au Proche Orient et en Afrique du Nord et comprenait de grandes communautés juives urbaines. Celles-ci, de par leur rôle économique traditionnel, ont été les premières à entrer en contact aves les groupes de marchands européens qui s’installaient dans les ports et à connaître leurs formes de vie modernes. Par la suite, l’ouverture du réseau scolaire de l’Alliance dans la plupart de ces pays à partir de 1862 a permis à des milliers et plus tard à des dizaines de milliers d’enfants d’acquérir une éducation française moderne. Parallèlement à cette modernité française a commencé à se développer d’abord la lecture de la presse hébraïque nouvelle, propagatrice de la Haskalah hébraïque en Europe Centrale et Orientale, puis la fondation dans ces communautés juives de cercles de jeunes qui étaient influencés par ce mouvement de la Haskalah hébraïque, lequel cherchait alors à allier tradition juive et modernité, et qui ont publié eux aussi par la suite des journaux dans les langues locales, le judéo-espagnol et le judéo-arabe, pour toucher un grand public.
Ces questions de l’ouverture à la modernité européenne, de la pratique d’une modernité juive ou Haskalah en hébreu et en judéo-espagnol ou en judéo-arabe, de l’évolution des mentalités juives, de la production journalistique et de la création littéraire dans ces communautés feront l’objet de trois leçons.