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La Tora face à la mort - n° 22

Vayakel: la violence du sacré (34 min)

Joël Hanhart - ophtalmologue
  • La Tora contre Lévinas

    Une exigence que l’on paie de sa vie (10min)

  • La force positive du sacré

    Les écrits s’envolent, les paroles restent (10min)

  • La sacralité de la vie

    Rabbi H’anina contre Brassens (8min)

  • Au-delà de l’espace-temps

    Le service divin ou la suspension de la vie (6min)

Les documents (8)
Le conférencier
Biographie du conférencier

Joël Hanhart - ophtalmologue

Joël Hanhart dirige le service de rétine médicale à l'hôpital Shaare Zedek (Jérusalem).

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Joël Hanhart

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  • Akadem
    Akadem
    Paris - 14 octobre 2018
Commentaires ( 19 )

Parashat hashavoua

24 février 2019, 11h52, paul fenton

Dr Hanhart, Je vous remercie de votre commentaire toranique ; cependant, je peux vous assurer qu'il n'y a aucune parasha dans la Torah nommée Vayakel. Dans le souci pédagogique qui est le vôtre tentez de respecter l'orthographe et le génie de la langue hébraïque qui, de surcroît, est une langue sacrée. Vous ne rendez pas service aux auditeurs en dénaturant cette langue. En orthographiant correctement wa-yaqhel, ils pourraient alors faire le lien avec qahal, qehillah, maqhela, qohelet, et d'autres concepts fondamentaux de la tradition juive.

Vayakel

24 février 2019, 19h11, Steve

Merci Joël pour ce commentaire intéressant en profondeur. Il reste à comprendre ce qui différencie la finitude de la mort. Et méditer le commentaire de rabbi Yeshoua : "Le shabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le shabbat". Shalom.

Hé bien ! (Racine, Andromaque I, 4)

25 février 2019, 18h59, JOEL HANHART

Cher professeur Fenton, J’imagine que vous faites référence à la parashat hashavou’a (le dernier phonème étant un'ayin). Je vous remercie de l’attention particulière que vous avez portée à mon intervention. Comme pour toutes ces conférences hebdomadaires, elle fut purement orale. Il me semble que le hé de Wa-yaqhel est parfaitement audible juste avant la trente-deuxième seconde ainsi qu’à la trente-deuxième minute trente-deuxième seconde (invitation aussi involontaire qu’allusive à plonger dans le cœur du propos ?). D'ailleurs, si l’on voulait pousser le purisme un cran plus loin, la translittération de Wa-yaqhel ne devrait-elle pas prendre en compte le daguesh du youd ? Les coupures, titres et sous-titres incombent à la rédaction d’Akadem. C’est donc cette dernière qui depuis treize ans, dans un souci compréhensible de vulgarisation, simplifie la graphie de certains mots hébreux pour les rendre plus facilement accessibles à son public cible. Les hébraïsants comprendront d’eux-mêmes qu’il s’agit bel et bien ici de commenter respectivement la parashat Wa-yeșe, Wa-yishla’h, Wa-yeshev, Wa-ye’hi, Wa-yigash, Wa-era et Teșawe. Quant à moi, conscient que dans cet exercice les erreurs les plus lourdes ne sont pas forcément d’ordre orthographique, je ne peux que prier pour ne pas dénaturer quoi que ce soit.

A l’attention de Steve

26 février 2019, 02h32, Lesage

Lorsque vous mentionnez « le rabbi Yeschoua » vous devriez surtout préciser par honnêteté qu’il s’agit de J. C après chacun appréciera votre commentaire...

Transcrire l'hebreu en caracteres latins

26 février 2019, 09h19, Elhadad

Comme chacun sait chaque langue a un système grapho phonétique qui lui est propre, il n'y a pas toujours de correspondance entre les phonèmes d'une langue a une autre, ainsi un phonème comme le ה n'existe simplement pas en français comme le ק ע et d'autres d'ailleurs Il serait donc naïf de vouloir imposer une translittération de l’hébreu en orthographe française qui pretende rendre compte avec exactitude de tous les phonèmes hébraïques, ce serait pure illusion. Pourquoi le ק en q et pas en k ? Quelle autorité en déciderait et sur quelles données scientifiques ? Peut-être la correspondance grapho phonétique pourrait-elle se faire avec l'arabe langue sœur de l’hébreu. Laissons donc Akadem choisir l'orthographe française pour rendre les mots hébreu en caractères latins, tout le monde s'y retrouve sans qu'il soit nécessaire de mêler des diktats orthographiques fondes sur une science approximative Sur le fond, bravo a M Hanhart pour son expose intelligent qui donne a réfléchir et bravo a Akadem qui nous fait découvrir ce nouveau talent.

Mille excuses

26 février 2019, 22h39, B. Vaisbrot

Il me semble avoir compris l'articulation vertigineuse des idées autour des trois versets. Les paradoxes tombent les uns après les autres. L'apothéose de la''avoda est fort belle. Cependant je regrette : cet article n'est pas un exposé. C'est une lecture à grand galop, à voix presque basse. Est-ce là ce qu'Akadem veut pour le public ? Le grand nombre de ramifications à l'intérieur des paragraphes tournent à la joute oratoire en soliloque. Pour la Kedousha, il me semble que c'est la qualité acquise après un processus de sacralisation, qui répond à 4 critères : elle est distinctive, transcendentale ; elle est manifestation spatio-temporelle séparée, isolée de la vie quotidienne ; elle est définitive, inaliénable (d'où les punitions quand elle est profanée, de mort ou pas) ; elle est publique, consensuelle. Exemples : Terouma, Ma''asser, Kehouna, Korbanoth, mariage (Kidoushin) et, bien entendu, ... La D. Ivinité elle-même. Pour le 4ème point, il sera réalisé en ce qui La concerne aux Temps messianiques, pour le moment il est limité à''am Yisraël. Merci.

Hazak/'Hazaque

27 février 2019, 18h44, Michaël L.

J'ai tellement apprécié ce cours que je l'ai réécouté cinq fois ! Du grand jeu. Jouer Benjamin contre Lévinas, le Talmud contre Brassens. Le tout présenté avec brio et humour. Je relis les commentaires publiés ici et me demande si ce n'est pas Steve qui a le mieux saisi le propos ! Les discours lénifiants sur la sacralité de la vie doivent impérativement nous poser la question de la christianisation d'un certain judaïsme.

Merci !

28 février 2019, 08h25, Sophie Lambert-Vidal

Je remercie l'orateur pour cette formidable et généreuse recherche dans les sources rabbiniques. Il a su éviter le piège des définitions toutes faites pour rendre le concept de sainteté pertinent dans les débats actuels. Bravo à Akadem qui nous faire découvrir la rigueur et l'originalité de ce penseur maniant brillamment savoir traditionnel et sources philosophiques. J'attends avec impatience ses prochaines conférences.

Le meilleur d'Akadem

28 février 2019, 21h19, Patrick SULTAN

Un point de détail : Le sous-titre (Torah contre Lévinas) me paraît forcé car c'est plutôt me semble-t-il, une version édulcorée de l'opposition Saint/Sacré empruntée à la pensée lévinassienne, trop souvent affadie, que conteste à juste titre Hanhart. On apprécie la haute tenue de ce cours riche, argumenté, nourri aux sources du Midrash comme de la Halakha. Bien dite (et assez bien chantée !), cette leçon qui manie avec brio et une fermeté tranchante les références précises offre un exemple de ce que peut produire de meilleur le site Akadem. On aimerait pouvoir disposer, comme c'est le cas, pour les excellentes interventions de M. Saada, du texte complet de cette intervention afin d'y revenir et de l'étudier plus en détail.

Aller plus loin

1 mars 2019, 17h33, Gérard Abitbol

Merci pour votre commentaire brillant, intelligent, érudit Vous nous emmenez plus loin, au delà des « raccourcis » de la compréhension première Merci encore.

Nuance

3 mars 2019, 13h31, morgenstern

Je suis un pur néophyte en ces matières d'interprétations, de compréhensions (d'où l'intérêt d'Akadem). Mais quelque chose me gêne. En cas de profanation du septième jour, qui met à mort? Cela n'est nullement précisé et c'est peut être un point essentiel. L'épisode des enfants de Aaron qui sont punis de mort, le sont par le feu divin, pas par l'exercice de la justice humaine. La suite du texte s'offre un luxe "inouïe" de précision sur les offrandes mais point sur les conditions de mise à mort. Peut être parce qu'il y a deux types d'exercice de la justice : celle du Créateur et celle exercée par les hommes que celà soit d'essence Thoraïque ou profane. Le Créateur n'a pas à se justifier aux yeux des hommes sur son exercice de la justice. Alors que lorsqu'il revient aux hommes de l'exercer, là un luxe de précisions sont fournies, tellement d'ailleurs que l'intervenant reconnait qu'il devient quasi impossible de condamner à mort. Les conséquences de la profanation du Shabbat semblent laissées au Créateur, la seule chose importante pour nous de réaliser : profaner c'est risquer la mort réelle ou symbolique, peu importe. On est face à un absolu dont il faut prendre conscience qui ne peut être transgressé que pour sauver une vie. A la lumière de celà, la discussion de la sacralité de la vie, n'était elle pas un autre sujet? Ne pas prendre ce qui n'a pas été donné ?

Question sur sreifa

4 mars 2019, 17h04, Arié L.

Bonjour et merci beaucoup pour votre cours passionnant. Je n'ai pas bien compris votre hypothèse de lecture de sreifa, la mise à mort par combustion. Vous proposez que les deux fautes qui en rendent passible relèvent du "court-circuitage" de la relation sexuelle, l'empêchant de constituer un accès au sacré. Si vous expliquez bien que cela puisse être le cas sur le volet "kedoucha temporelle" pour l'homme ayant une relation sexuelle avec une mère et sa fille, l'articulation du volet "kedoucha spatiale" me semble moins évidente. C'est bien le cohen qui est vecteur de celle-ci, et non sa fille. Or c'est la bat cohen zona qui est passible de sreifa, et non le cohen qui enfreindrait ses propres interdits sexuels. Pourriez vous m'éclairer sur ce point ? Je vous remercie par avance.

La Tora avec Levinas

6 mars 2019, 18h39, Alain

C'est être injuste avec Levinas et un contre -sens de le présenter comme proposant" une fuite éthique" alors que la sainteté est chez lui comme dans la Tora séparation et aussi responsabilité. Que le visage de l'autre est un rappel de la Loi (Et non à une mode du relationnel et de la sacralisation de la vie) Qu'il insiste sur une lecture au-delà du verset propre au Talmud avec comme exemple entre autre l'interprétation du Talmud de la Loi du talion dans difficile liberté.

@ Arié L.

8 mars 2019, 08h08, JOEL HANHART

Je vous remercie de votre excellente question et me permets d’esquisser une réponse en deux temps. Ne vivant pas en France, je ne sais pas dans quelle mesure chacun des arguments y est aujourd’hui audible. 1) C’est ici le masculin qui est engagé dans la kedousha, en ce qu’il lui appartient de s’extraire d’un rapport brut à la terre (cf Chemot 23, 17 ou encore la cinquième michna du premier chapitre du traité Bikourim). Le rapport à la ‘avodat hakohanim, et partant à la kedousha inscrite dans la spatialité, diffère donc entre l’homme et la femme (voir par exemple Kiddoushin 36a et ‘Houlin 131b-132a). 2) Comme vous le remarquez, c'est la Bat cohen qui est passible de sreifa, et non le Cohen qui enfreindrait ses propres interdits sexuels. Pour que le Cohen transgresse ses propres interdits sexuels, poussant autrui à court-circuiter son rapport à la kedousha spatiale, il faudrait, en vertu de notre premier point, qu’il ait une relation avec un homme. Or, l’acte homosexuel ferait basculer la faute dans un autre registre (voir l’opinion des Sages dans la première michna du septième chapitre de Sanhedrin).

@Alain

8 mars 2019, 08h11, JOEL HANHART

Lorsque je parle de « point de fuite éthique », je file une métaphore picturale, empruntant ce terme à David Banon qui, à plusieurs reprises, caractérise de la sorte la démarche de Lévinas lecteur du Midrash. Il faudrait être bien naïf pour ne pas le percevoir comme il est difficile de concilier l’œuvre philosophique et la lecture talmudique. Le droit talmudique n’est pas conditionné par les phrases par ailleurs magnifiques que l’on peut lire dans Totalité et Infini. Tout est dans ce « par ailleurs » dont peuvent très bien relever Husserl et Heidegger, sans engager pour le moins du monde, lehavdil, Abayé et Rava. Cela n’enlève rien à la reconnaissance que l’on peut avoir envers Lévinas, l’enseignant qui voulait témoigner d’un « judaïsme reçu à partir d'une tradition vivante et alimentée par la réflexion sur des textes sévères plus vivants que la vie ». Lévinas, qui se disait très modestement « talmudiste du dimanche », (renvoyant au grotesque de leur posture ceux qui aujourd’hui se proclament « talmudistes » sur la place publique), aura su transmettre la soif de découvrir une Parole. Laisser Rachi nous parler, ne pas neutraliser son propos par une pseudoscience frelatée, dans laquelle s’était formée et légitimée la figure de l’intellectuel juif. A en juger par les contenus d’Akadem, le judaïsme français est encore en train de s’en dépatouiller, que cette science se soit parée des attraits de l’historicisme, de l’existentialisme ou de la psychanalyse toute puissante. Cette reconnaissance ne nous oblige pas pour autant à tenir Lévinas pour un Tana en admettant qu’en calquant ses propos sur ceux de Rabbi Akiva et de Ben ‘Azay, il puisse réduire le judaïsme aux horizons de sa philosophie. « Toute la Thora, dans ses minutieuses descriptions, se ramasse dans le " Tu ne tueras point " que signifie le visage de l'autre et y attend sa proclamation ». (« Pensée et sainteté », A l'heure des nations, p. 128). Pour Lévinas, « les versets bibliques n'ont pas ici pour fonction de faire preuve ; mais ils témoignent d'une tradition et d'une expérience. N'ont-ils pas droit à la citation au moins égal à celui dont bénéficient Hölderlin et Trakl ? » (Humanisme de l'Autre Homme, p. 96). Pendant qu’à Fribourg et à Heidelberg, on se fascinait pour la phénoménologie, l’étude de la Thora ne s’interrompait pas. Les versets continuaient à parler aux Juifs bien plus que les plus grands poètes aux Allemands. Le monde de l’étude n’a pas attendu les Colloques des Intellectuels juifs pour se confronter à la difficile liberté, à l’au-delà du verset. La grosse ficelle historiographique qui vise, via le très opportun monsieur Chouchani, à faire croire que la pensée de Lévinas sur le judaïsme est directement branchée sur celle issue du monde des yechivot lithuaniennes, que la première est la fille légitime de la seconde n’abusera que ceux qui, surfant sur l’appréciation du monde universitaire à l’égard du philosophe, ont voulu voir en ses écrits juifs le fin mot du judaïsme et fait de Levinas, qui certainement s’en serait bien passé, leur fonds de commerce. Quant aux autres, ils continueront à grandement les apprécier, ces écrits, sans perdre leur sens critique et donc sans se refuser à constater que, parfois, ils ne rendent pas pleinement compte de la Halakha. Pendant ce temps, alors que le spectacle continue, c’est par estime pour Levinas que l’on déplorera l’usage qui est fait de sa figure. Florilège, plus amusant qu’agaçant. « Sous l’effet de rupture de Levinas, héritier de Franz Rosenzweig, l’auteur de L’Étoile de la Rédemption (1921), du Gaon de Vilna (1720-1797), de son disciple kabbaliste Rabbi Haïm de Volozine (1759-1821), auteur de L’Âme de la vie, et, plus encore en amont, du Maharal de Prague, auxquels BHL ne cesse de rendre hommage dans ses études lévinasiennes, le judaïsme s’est fait philosophie à part entière ; il s’est désormais fait socle d’un universalisme pour les temps à venir. » « BHL […] s’est fait, dans la lumière de Lévinas et des maîtres anciens, homme et penseur juif. Torah et Talmud y sont pour moins. Un judaïsme philosophique, bien plus que religieux. BHL s’est toujours revendiqué athée ou plutôt athéologique. » « Peut-on dire que Lévy [BHL], dans la lignée de Haïm de Volozine, est de ceux qui se battent non pas pour des lendemains qui chantent mais pour que le monde […] ne se défasse pas sous les effets, éternellement, du Mal et de la folie des hommes toujours recommencée ? » « Lévy [BHL] cite le nom du Gaon de Vilna […] comme l’une des sources de son judaïsme philosophique. A l’égal du Maharal de Prague, de Haïm de Volozine (disciple lui-même du Gaon), de Rosenzweig, de Gershom Scholem, d’Emmanuel Levinas, Lévy fit de cet immense talmudiste l’un des intercesseurs en majesté de son être-juif ». No comment ! Et si, laissant aux universitaires leur os philosophique et aux comiques leurs effets, on se remettait, avec le Lévinas du shabbat matin à l’ENIO, à lire Rachi dans le texte ? En hébreu….

@Morgenstern

8 mars 2019, 08h12, JOEL HANHART

Pour répondre clairement à votre question, c’est au tribunal terrestre qu’il appartient d’appliquer la punition réservée au profanateur du septième jour. Pour ne pas trop alourdir cette mise au point, je vous épargne les références halakhiques, facilement trouvables (comme pour les éléments auxquels je vais instamment me référer), et vous renvoie à l’épisode mentionné du cueilleur de bois, au 15e chapitre des Nombres. La lecture des commentateurs classiques sur place suffira probablement à vous convaincre que la mise à mort qu’entraîne la profanation du Chabbat heurte de plein fouet la sacralité de la vie en tant que telle. Il existe évidemment d’autres cas de figure qui nous renvoient au même constat : la préservation de la vie pure n’est pas un absolu. On peut penser pêle-mêle au cas de celui qui menacerait non la vie d’autrui mais son intégrité sexuelle, à tous les cas où un tribunal humain est censé mettre à mort, aux situations où se laisser tuer doit être préférable à la transgression, à la ville idolâtre, au fils rebelle, à l’incitateur, au sage déviant. Si, comme souligné, l’exécution n’est pas forcément effective, il n’en demeure pas moins que la Thora nous expose un système de valeurs dans lequel la vie pure n’occupe pas constamment la position suprême. Agamben a bien cerné la facilité avec laquelle la sacralité de la vie s’est insinuée dans un certain discours qui se dit « religieux ». « De ce " fait scientifique " si général que la science a renoncé à le définir [la notion courante de vie], l’Église a fait le dernier réceptacle du sacré et la bioéthique le terme clé de son impuissant sottisier. » (Giorgio Agamben, Homo Sacer, L’Usage des corps, prologue, 2015). Pour en revenir spécifiquement à ce qui tient lieu de discours officiel du judaïsme institutionnel français, il faut rappeler que le terme de kedoushat ha’haïm n’est apparu, en tant qu’argument halakhique, qu’au 20e siècle, dans la bouche du rav Yits’hak Nissenboim Hyd, dans le ghetto de Varsovie, contexte très particulier, quelles que puissent être les divagations d’Agamben.

Levinas, la fille du Cohen et la première pierre

8 mars 2019, 08h13, JOEL HANHART

Merci ! Les interventions plurielles des internautes sont bien davantage qu’une sorte d’apostille à un cours ex cathedra. Alimentant la réflexion, elles nous permettent de prolonger cette étude. C’est ensemble que nous pourrons dépasser le long monologue qui lui tient lieu de cadre formel et l’ouvrir à un échange vivant, nous éloignant de la joute oratoire en soliloque au sens où cela a pu lui être reproché (soliloque dont Barthes disait d’ailleurs, dans un entretien au Nouvel Observateur daté du 10 janvier 1977, qu’il pouvait être « amoureux », « sorte de théâtre » où se mène « un jeu subtil entre la parole et l’écoute »).

@Jôel Hanhart

9 mars 2019, 10h49, Alain

Désolé si il peut y avoir malentendu. Je peux comprendre la métaphore du "point de fuite" utilisée par David Banon comme métaphore picturale, reste que le titre provocateur que vous utilisez ¨ La "Tora contre Lévinas" donne une connotation très péjorative à cette citation. Je voulais surtout insister sur le fait que ce titre "Lévinas contre la Tora" n'éclaircit pas votre propos et est forcément source de polémiques et je maintiens " Lévinas pour la Tora ". Je n'ai pas compris pourquoi dans votre réponse vous parlez de BHL ce qui n'a rien à voir avec mon commentaire. Cordialement.

@Alain (2)

11 mars 2019, 22h09, JOEL HANHART

C’est moi qui suis d’autant plus désolé que sur le fond nous sommes bien d’accord. Les intitulés ne sont pas de mon ressort. « Les titres, intertitres et documents, incrustations sont de la seule responsabilité d'Akadem et ne sauraient engager d'une quelconque manière la responsabilité des conférenciers ou des organisateurs de la manifestation. » (extrait de la charte AKADEM, telle qu’on peut la lire en cliquant sur « notre charte » en bas de la page d’accueil). Loin de moi l’idée d’engager une polémique autour de la personne d’Emmanuel Levinas ou de ses écrits (je serais d’ailleurs très mal inspiré puisqu’à ce jour son corpus n’est pas accessible dans son intégralité). Dans mon message précédent, j’insistais sur la dette que le judaïsme d’expression française a envers sa démarche. Démarche de retour aux Sources à considérer à partir de leur propre intelligence, sans se placer en surplomb (position dominante, dans tous les sens du terme, aux belles heures du franco-judaïsme et que Jacob Gordin a invité à dépasser). J’imagine que nous conviendrions tous deux que des énoncés comme « Levinas contre la Thora », « la Thora pour Levinas », « la Thora avec Levinas » sont forcément réducteurs et, dans l’élaboration d’une pensée critique, n’ont pas plus de pertinence que « Nietzsche avec Deleuze» ou « Mendelssohn contre la Thora». Nous conviendrons également que la Thora est une Thora de ‘Hessed, que nous sommes appelés à être les disciples d’Aharon, à aimer les créatures et à les rapprocher de cette Thora. Je me permets d’évoquer ici une anecdote que m’a racontée mon Maître le rav Weingort. Au début des années trente, ou un peu avant, le rav ‘Haim Ozer Grodzinski se rendit en Europe occidentale et passa par Montreux, où étudiait alors, à la yechiva tout juste fondée par le rav Botschko, Zekharia Zoltan Berkovitz (qui allait plus tard devenir le ‘Hazan de Lausanne). Ce dernier raccompagna le dirigeant du judaïsme à la gare et, sur le quai, juste avant de le quitter, lui posa une question qui le taraudait : « Beaucoup d’opinions sont émises au nom du judaïsme. Comment faire la part des choses ? » Qu’est-ce qui relève de la Thora, qu’est-ce qui n’est qu’idéologie ? Le rav Grodzinski lui répondit : « Sache que " ses voies sont des voies agréables et tous ses sentiers sont paix " [Proverbes 3, 17] ; si tu entends une opinion proférée au nom de la Thora qui n’est pas dans la paix, alors cette chose n’appartient pas à ses sentiers ». Voilà pour le fond. Et confidence pour confidence, face à la voix du rav Grodzinski qui résonne jusqu’à nous, à celle de Hillel qui se déploie à partir du Beth Hamidrash, ce que ce sont dit Cassirer et Heidegger, à la même époque et dans la même contrée, n’a finalement aucune importance. Quant à BHL, si je me suis permis de m’y référer aussi longuement, c’est tout d’abord que le format de ces réactions ne permet pas la mise en note de bas de page et surtout qu’en posant avec outrecuidance « Levinas, donc le Gaon de Vilna », il nous prouve pas l’absurde, lui qui ne saurait décrypter dans le texte ne serait-ce qu’une glose du Gaon, à quels points sont dangereux les raccourcis que je mentionne en fin de mon exposé. La chose ne prêterait qu’à sourire si, par delà de la captation du nom Levinas, ceux qui, il n’y a pas si longtemps, se faisaient appeler « les nouveaux philosophes » ne s’étaient mis en tête de nous expliquer ce qu’est le judaïsme, ce qu’est la Thora, conduisant le judaïsme français à une bien triste régression : il suffit de se replonger dans le discours d’un James Darmesteter ou des frères Reinach pour comprendre que les discours péremptoires sur le judaïsme sont la marque d’une très crasse ignorance de ses contenus réels. D’où l’impérieuse nécessité, à mon humble mais ferme avis, de se mettre avec Levinas en position d’écoute. D’écouter, attentivement, la Parole qui continue à se déployer en Israël, par la bouche de ses Sages. Ce sera là l’objet de ma prochaine intervention (parachat Emor) et je me réjouis d’ores-et-déjà, si D’ veut, d’échanger alors avec l’auditeur attentif que vous êtes. Respectueusement, Yoël.

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Vayakel: la violence du sacré

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Parashat hashavoua
le 24/02/2019, 11:52
Dr Hanhart, Je vous remercie de votre commentaire toranique ; cependant, je peux vous assurer qu'il n'y a aucune parasha dans la Torah nommée Vayakel. Dans le souci pédagogique qui est le vôtre tentez de respecter l'orthographe et le génie de la langue hébraïque qui, de surcroît, est une langue sacrée. Vous ne rendez pas service aux auditeurs en dénaturant cette langue. En orthographiant correctement wa-yaqhel, ils pourraient alors faire le lien avec qahal, qehillah, maqhela, qohelet, et d'autres concepts fondamentaux de la tradition juive.
Vayakel
le 24/02/2019, 19:11
Merci Joël pour ce commentaire intéressant en profondeur. Il reste à comprendre ce qui différencie la finitude de la mort. Et méditer le commentaire de rabbi Yeshoua : "Le shabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le shabbat". Shalom.