Le 3 octobre 1980, une bombe explose à quelques pas de la synagogue de la Rue Copernic, dans le très chic 16ème arrondissement de Paris.

Cet attentat terroriste fait quatre morts et des dizaines de blessés. Les fidèles de la synagogue, choqués, assistent à une scène apocalyptique en plein Paris. Les vitres des magasins ont explosé en mille morceaux, les voitures sont en flammes et des corps gisent sur le sol.

Dans la panique, les fidèles de la synagogue et les passants sont éparpillés, invités à quitter les lieux, tandis que les blessés sont pris en charge par les secours. Cet attentat, dont on ne sait pas encore qui en est à l’origine, est le premier attentat antisémite de cette ampleur depuis la seconde guerre mondiale. Le 3 avril 2023, près de quarante trois ans après les faits, le procès tant attendu du principal suspect, s’ouvre enfin.

Qui est à l’origine de l’attentat frappant la rue Copernic le 3 octobre 1980 ? Qui se cache derrière le commando chypriote identifié par les policiers ? Si les premiers éléments de l’enquête se dirigent vers l’extrême-droite, très vite, on soupçonne le Front Populaire de Libération de la Palestine : le FPLP.

Malgré ces premières investigations, l’enquête patine et la police ne parvient pas à remonter jusqu’aux membres du commando terroriste. Il faudra attendre 18 ans pour que le nom de Hassan Diab arrive aux oreilles des enquêteurs et pour que l’enquête avance enfin.

Comme à son habitude, la rue est calme. Étendue de la très chic place Victor Hugo, dans le 16ème arrondissement de Paris, à la célèbre avenue Kleber, la rue Copernic n’est pas extraordinaire. Quelques ambassades y trouvent refuge, comme l’Ambassade du Liban, ou le Consulat Vénézuélien. Quelques commerçants, quelques hôtels. Rien de plus. Et la Synagogue.

Pourtant, le soir du 3 octobre 1980, l’attentat dont on découvre peu à peu les coulisses, change à jamais l’histoire de cette rue sans prétention. 

Le 3 avril 2023, alors que le procès de l’attentat de la rue Copernic s’ouvre enfin, seules quelques parties civiles sont présentes. Alors que ces dernières années, les procès pour attentats terroristes nous ont habitués à voir apparaître des dizaines, voire des centaines de parties civiles sur les bancs de la cour, à ce procès ne sont représentées que 26 personnes et associations, alors même que plus de 320 personnes étaient présentes dans la synagogue de la rue ce soir-là.

Pourquoi les fidèles de la synagogue, les personnes qui étaient visées par cet attentat, n’ont pas été massivement présentes à ce procès ?

On les appelle les “jeunes de l’annexe” ou “les jeunes de l’extension”. Ils avaient entre 10 et 20 ans le soir de l’explosion. Pour la plupart, venir à l’office du shabbat à la synagogue de la rue Copernic est un rendez-vous à ne pas manquer.

Ils aiment se retrouver chaque week-end, prononcer et chanter les prières en chœur. Ils sont du quartier, leurs parents et parfois leurs grands-parents avant eux s'asseyaient aux mêmes rangs de ce coin de la synagogue.

Ce soir-là, comme tous les autres vendredis soirs, ils sont présents autour du Rabbin Michael Williams. Pourtant, pendant des années, ces jeunes fidèles ont été les grands oubliés de l’attentat. Personne pour les appeler, prendre de leurs nouvelles, prendre leurs dépositions ou soigner leurs traumatismes. 

Où sont-ils ? Qui sont-ils ? 

Enfin. Un peu plus de quarante-deux ans après l’attentat de la rue Copernic, les victimes ont été entendues et le responsable condamné.

Un chapitre se referme : celui de l’instruction, celui des doutes, celui de l’attente. Mais un autre s’ouvre désormais.

Que va-t-il se passer maintenant ? Qu’adviendra-t-il de Hassan Diab resté au Canada ? Qu’adviendra-t-il de ces victimes du terrorisme ? Seront-elles indemnisées ? Seront-elles apaisées ?