Des
intellectuels, des militants, des journalistes, des politologues, des hommes
politiques ont pris le temps d’analyser les positions de ce parti et de son
leader. Il y a peu de doutes sur leur positionnement. Il n’est même pas
nécessaire de relever ici les horreurs publiées sur différents supports par les
députés LFI comme Mathilde Panot ou David Guiraud pour apporter leur soutien du
Hamas, ni même de pointer leur tentative de salir le Mémorial du Vel’d’Hiv le
matin même de la grande manifestation nationale contre l’antisémitisme du 12
novembre.
Entre
« la guerre », pour défendre la liberté, et le
« déshonneur » ils ont choisi depuis longtemps leur camp, celui de de
l'ombre face à la lumière, de l'invective à la place du dialogue, de la haine
au lieu de l'apaisement, et bien sûr du choix de l'abandon des Français juifs
au profit de tout gain électoral.
Pourtant,
depuis le 7 octobre 2023, un aspect essentiel du caractère de leur leader, Jean-Luc
Mélenchon – cet ancien militant de l’OCI (l’Organisation communiste
internationaliste, de 1972 à 1976), et du Parti socialiste – n’a pas assez
été souligné, lié à ses engagements d’autrefois et à son passage initiatique de
ses rêves de révolution communiste et d’étudiant survolté vers un socialisme de
sénateur.
Après
une jeunesse révoltée, au sens le moins camusien du terme, Jean-Luc Mélenchon
s’est assagi, en intégrant le Parti socialiste, mais aussi en devenant franc-maçon,
au Grand Orient de France. Il va y chercher à poursuivre son engagement pour la
laïcité, pour la décolonisation et va même intégrer une loge dont le nom, Roger
Leray, poursuit le travail de Pierre Mendès France : liberté de pensée,
volonté d’améliorer le sort des exclus, de lutter contre les dictatures, engagement
de lutter contre les préjugés racistes et antisémites, voilà la feuille de
route, et les combats qui vont le conduire à faire carrière en politique dans
la France des années 1980, et devenir,
dès ses 30 ans, un permanent puis un élu du parti de François Mitterrand.
Mélenchon
est-il tel le héros de Flaubert, Frédéric Moreau, qui mûrit et évolue dans son
« éducation sentimentale » et devient un homme assagi, engagé,
républicain et sincèrement tourné vers les Lumières ? Ou bien, n’est-il
qu’un mauvais lecteur du Prince de Machiavel, et prêt à tout pour
conquérir et conserver le pouvoir ?
En
réalité, Mélenchon a bien lu ses livres d’histoire, notamment sur la Révolution
française. Nombre d’experts le comparent à Robespierre, l'une des figures les
plus emblématiques de la Révolution, qui était à l'origine un fervent défenseur
des idéaux républicains avant de se transformer en symbole de la Terreur pour
éliminer les ennemis de la Révolution.
La vraie
personnalité du leader de LFI ne se trouve pas là. Robespierre, malgré tous ses
travers, a été initialement porteur d’un projet et d’un combat face à la
monarchie.
Dessin paru dans Le Point du 12 octobre 2023, n°2671
Mélenchon
refuse d’aller à une manifestation contre l’antisémitisme, marche dans des
cortèges qui soutiennent l’organisation terroriste islamiste Hamas, tient des
propos antisémites sur la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet,
ou dénonce les « oukases des communautaristes du CRIF ». Il maîtrise
ce qu’il fait, il sait qu’il vient, avec ignominie et bassesse, attaquer les Lumières
et les Juifs. Il ne cherche pas à tricher, il accélère pour se donner une place
dans le jeu politique et garder une sphère d’influence sur les débats du pays.
Joseph Fouché, cet ancien séminariste qui va
fasciner le romancier par sa capacité à éviter toutes les purges, tout en
trahissant toutes les causes et en passant allègrement de l’Église au pillage
des églises, et de duc à révolutionnaire puis de chef de la police à serviteur
de Louis XVIII.
Lorsque
l’auteur autrichien écrit cette biographie, le Parti national-socialiste vient
de faire seulement 2.6 % aux élections législatives allemandes. Mais la
crise économique qui se déclenche à New York en 1929 offre à Hitler une chance
inespérée d’accéder au pouvoir. La récession est terrible. Ruinée et se sentant
humiliée par la défaite de 1918, une majorité d’Allemands se tourne vers le
parti nazi : le 31 juillet 1932, Hitler obtient la majorité des voix au
Parlement. Six mois plus tard, le 30 janvier 1933, il est nommé chancelier.
L’engrenage est lancé et on connaît la suite.
Que
cherchent, aujourd’hui, LFI et son chef ? Eux aussi veulent déclencher une
révolution populaire, bousculer les libertés en soutenant les plus radicaux des
musulmans mais aussi en s’appuyant sur des courants d’extrémistes de gauche
pour affaiblir les démocraties, et la France en particulier.
Il est
bien aidé par la guerre lancée par le dictateur Poutine sur l’Ukraine, par les
manipulations du « tsar » de Saint-Pétersbourg, cet ancien agent du
KGB toujours prompt à financer les groupuscules mettant en péril nos valeurs. Tout
cela est bien décrit et renseigné ; et les réseaux sociaux financés par
l’autocrate Elon Musk pour X, ceux des dictateurs chinois (TikTok) ou russe
(Telegram) sont les outils de ce chaos recherché. [2]
Mélenchon
veut le pouvoir, et, pour cela, il est prêt à tout, y compris renier son
histoire, ses anciens amis et les valeurs qu’il défendait auprès de la gauche
de Michel Rocard.
Sans
aucun doute, il est le Joseph Fouché de ce XXIe siècle, siècle qui
veut faire le choix de l’alternative de la célèbre phrase de Malraux et apparaître
comme « tout religieux ». Comme l’horrible Fouché, il est un
opportuniste habile, n’hésitant pas à trahir pour maintenir son pouvoir,
« la République, c’est moi », a-t-il même osé dire. [3] Bien
au contraire, l’ignominie, c’est lui.
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[1] Fouché, de
Stefan Zweig ; traduit de l’allemand (Autriche) par Olivier Bournac, Le
Livre de Poche, « Littérature », n° 14796.
[2] Voir
Les
Ingénieurs du Chaos, de Giuliano da Empoli, « Folio Actuel », n°
189.
[3] En septembre
2019, face à la police, lors d’une perquisition.