L'arche
3 min de lecture
Article - L'arche
Jean-Luc Mélenchon ou le Fouché ignoble
Par Richard Odier | 15 juillet 2024
Ajouter
Partager
J’aime

Tout a été dit sur Jean-Luc Mélenchon, la NUPES, LFI, et leurs alliés. À la une du magazine Le Point, à celle de L'Express, dans Charlie Hebdo, Franc-Tireur, Le Figaro, Le Parisien, au micro de RCJ… dans tant d'éditoriaux et de publications sur les réseaux sociaux. Même le président de Mediapart, Edwy Plenel, a affirmé, le 11 novembre 2023 : "Face au poison de l’antisémitisme, Mélenchon a multiplié les fautes". Et pourtant…

Des intellectuels, des militants, des journalistes, des politologues, des hommes politiques ont pris le temps d’analyser les positions de ce parti et de son leader. Il y a peu de doutes sur leur positionnement. Il n’est même pas nécessaire de relever ici les horreurs publiées sur différents supports par les députés LFI comme Mathilde Panot ou David Guiraud pour apporter leur soutien du Hamas, ni même de pointer leur tentative de salir le Mémorial du Vel’d’Hiv le matin même de la grande manifestation nationale contre l’antisémitisme du 12 novembre.
Entre « la guerre », pour défendre la liberté, et le « déshonneur » ils ont choisi depuis longtemps leur camp, celui de de l'ombre face à la lumière, de l'invective à la place du dialogue, de la haine au lieu de l'apaisement, et bien sûr du choix de l'abandon des Français juifs au profit de tout gain électoral.
Pourtant, depuis le 7 octobre 2023, un aspect essentiel du caractère de leur leader, Jean-Luc Mélenchon – cet ancien militant de l’OCI (l’Organisation communiste internationaliste, de 1972 à 1976), et du Parti socialiste – n’a pas assez été souligné, lié à ses engagements d’autrefois et à son passage initiatique de ses rêves de révolution communiste et d’étudiant survolté vers un socialisme de sénateur.
Après une jeunesse révoltée, au sens le moins camusien du terme, Jean-Luc Mélenchon s’est assagi, en intégrant le Parti socialiste, mais aussi en devenant franc-maçon, au Grand Orient de France. Il va y chercher à poursuivre son engagement pour la laïcité, pour la décolonisation et va même intégrer une loge dont le nom, Roger Leray, poursuit le travail de Pierre Mendès France : liberté de pensée, volonté d’améliorer le sort des exclus, de lutter contre les dictatures, engagement de lutter contre les préjugés racistes et antisémites, voilà la feuille de route, et les combats qui vont le conduire à faire carrière en politique dans la France des années  1980, et devenir, dès ses 30 ans, un permanent puis un élu du parti de François Mitterrand.
Mélenchon est-il tel le héros de Flaubert, Frédéric Moreau, qui mûrit et évolue dans son « éducation sentimentale » et devient un homme assagi, engagé, républicain et sincèrement tourné vers les Lumières ? Ou bien, n’est-il qu’un mauvais lecteur du Prince de Machiavel, et prêt à tout pour conquérir et conserver le pouvoir ?
En réalité, Mélenchon a bien lu ses livres d’histoire, notamment sur la Révolution française. Nombre d’experts le comparent à Robespierre, l'une des figures les plus emblématiques de la Révolution, qui était à l'origine un fervent défenseur des idéaux républicains avant de se transformer en symbole de la Terreur pour éliminer les ennemis de la Révolution.
La vraie personnalité du leader de LFI ne se trouve pas là. Robespierre, malgré tous ses travers, a été initialement porteur d’un projet et d’un combat face à la monarchie.
preview
Dessin paru dans Le Point du 12 octobre 2023, n°2671
Mélenchon refuse d’aller à une manifestation contre l’antisémitisme, marche dans des cortèges qui soutiennent l’organisation terroriste islamiste Hamas, tient des propos antisémites sur la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ou dénonce les « oukases des communautaristes du CRIF ». Il maîtrise ce qu’il fait, il sait qu’il vient, avec ignominie et bassesse, attaquer les Lumières et les Juifs. Il ne cherche pas à tricher, il accélère pour se donner une place dans le jeu politique et garder une sphère d’influence sur les débats du pays.

Le vrai modèle de notre leader, dit « insoumis », est à rechercher dans la Révolution, mais sur un personnage si bien décrit par Stefan Zweig, en 1929, [1] dans sa biographie, Fouché.

Joseph Fouché, cet ancien séminariste qui va fasciner le romancier par sa capacité à éviter toutes les purges, tout en trahissant toutes les causes et en passant allègrement de l’Église au pillage des églises, et de duc à révolutionnaire puis de chef de la police à serviteur de Louis XVIII.
Lorsque l’auteur autrichien écrit cette biographie, le Parti national-socialiste vient de faire seulement 2.6 % aux élections législatives allemandes. Mais la crise économique qui se déclenche à New York en 1929 offre à Hitler une chance inespérée d’accéder au pouvoir. La récession est terrible. Ruinée et se sentant humiliée par la défaite de 1918, une majorité d’Allemands se tourne vers le parti nazi : le 31 juillet 1932, Hitler obtient la majorité des voix au Parlement. Six mois plus tard, le 30 janvier 1933, il est nommé chancelier. L’engrenage est lancé et on connaît la suite.
Que cherchent, aujourd’hui, LFI et son chef ? Eux aussi veulent déclencher une révolution populaire, bousculer les libertés en soutenant les plus radicaux des musulmans mais aussi en s’appuyant sur des courants d’extrémistes de gauche pour affaiblir les démocraties, et la France en particulier.
Il est bien aidé par la guerre lancée par le dictateur Poutine sur l’Ukraine, par les manipulations du « tsar » de Saint-Pétersbourg, cet ancien agent du KGB toujours prompt à financer les groupuscules mettant en péril nos valeurs. Tout cela est bien décrit et renseigné ; et les réseaux sociaux financés par l’autocrate Elon Musk pour X, ceux des dictateurs chinois (TikTok) ou russe (Telegram) sont les outils de ce chaos recherché. [2]
Mélenchon veut le pouvoir, et, pour cela, il est prêt à tout, y compris renier son histoire, ses anciens amis et les valeurs qu’il défendait auprès de la gauche de Michel Rocard.
Sans aucun doute, il est le Joseph Fouché de ce XXIe siècle, siècle qui veut faire le choix de l’alternative de la célèbre phrase de Malraux et apparaître comme « tout religieux ». Comme l’horrible Fouché, il est un opportuniste habile, n’hésitant pas à trahir pour maintenir son pouvoir, « la République, c’est moi », a-t-il même osé dire. [3] Bien au contraire, l’ignominie, c’est lui.
------------------------------------------------

Notes :

[1] Fouché, de Stefan Zweig ; traduit de l’allemand (Autriche) par Olivier Bournac, Le Livre de Poche, « Littérature », n° 14796.
[2] Voir Les Ingénieurs du Chaos, de Giuliano da Empoli, « Folio Actuel », n° 189.
[3] En septembre 2019, face à la police, lors d’une perquisition.
Abonnez-vous à nos newsletters
Pour connaître et exercer vos droits, notamment le retrait de votre
consentement à l'utilisation des données collectées par
ce formulaire, veuillez consulter notre charte de confidentialité


FSJU
FJF
FMS
Akadem est une réalisation du Fonds Social Juif Unifié, avec le soutien de la Fondation du Judaïsme Français,
et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.