L'arche
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cinéma - L'arche
Elsa Zylberstein : de Jeanne Reichenbach à Simone Veil !
Par Sandrine Sebbane | 25 mai 2005
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Elsa Zylberstein : de Jeanne Reichenbach à Simone Veil !
Par Sandrine Sebbane | 25 mai 2005
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L'arche

Elsa Zylberstein, c’est d’abord ce regard sublime et captivant, c’est ensuite un sourire malicieux, une simplicité désarmante et une élégance rare. Elle est aujourd’hui l’une des actrices les plus en vogue du cinéma français, à l’affiche de deux films très différents dont le magnifique “Je ne rêve que de vous”, avant d’incarner l’année prochaine Simone Veil, dans le biopic d’Olivier Dahan: “Simone une femme du siècle”.

L'Arche : “Je ne rêve que de vous” raconte la liaison L’ amoureuse entre Léon Blum et Jeanne Reichenbach. Connaissiez-vous cette histoire ?
Elsa Zylberstein : J’ignorais la vie de Jeanne Reichenbach, cette femme totalement folle d’amour pour lui depuis ses seize ans alors qu’il en avait vingt-cinq de plus. C’est une histoire incroyablement romanesque : cette bourgeoise d’origine juive, mariée deux fois, est plongée dans une telle passion amoureuse, à la limite de la déraison, qu’elle décide de rester en France pendant l’Occupation. Alors que sa famille fuit les lois antijuives de Vichy, elle laisse partir son fils et son mari et dit : « Je reste, je suivrai cet homme que j’aime ». Cette sorte de fée, comme dit mon partenaire dans le film, Hippolyte Girardot, est un peu magique, un peu allumée, un peu Adèle H… complètement habitée par cet amour. Elle décide donc de suivre Blum dans les prisons successives où Pétain l’en- fermera. Elle ira jusqu’à rencontrer Laval pour se faire interner à Buchenwald, où Léon Blum est interné en 1943, et c’est là qu’ils se marieront.
Quand on vous connaît un peu, on n’imagine personne d’autre que vous pour jouer le rôle de Jeanne Reichenbach…
Merci ! C’est vrai qu’à la lecture du scénario je me suis dit : c’est évidemment un rôle pour moi ! Je ne pouvais pas passer à côté. Je l’ai immédiatement trouvé profond, magnifique, romanesque. On ne lit pas très souvent des scénarios comme cela, même si j’ai la chance de recevoir des propositions très différentes de personnages forts, libres, habités, de beaux rôles de femmes. Surtout aujourd’hui, je crois que c’est vraiment important. On dit que « Derrière chaque grand homme, il y a une femme ». Derrière beaucoup d’hommes il y a une femme et c’est formidable de mettre la lumière sur cette femme qui a soutenu cet homme, qui l’a aimé, qui a décidé d’abandonner ses habits de bourgeoise et de dire : « Je pars avec une valise, on fera les prisons, on vivra dans une pièce, on ne vivra avec rien s’il le faut. Je décide de t’aimer et de te suivre où que tu ailles. » Je trouve ça très beau.
Dans le film, Léon Blum ne parle jamais de son judaïsme. Ce film reflète-il aussi une certaine idée de la France ? Du fait d’être juif, en France, à cette époque ?
Oui, je pense que c’est traité de manière très fine, pas du tout appuyé. On n’est pas là en train de parler de la judéité et de l’antisémitisme car c’est sous-jacent : c’est la France ambiguë, la France de Pétain. Laval, qui est joué magnifiquement par Philippe Torreton, signe l’autorisation d’envoyer Jeanne Reichenbach à Buchenwald avec une certaine jouissance ; il signe ce papier en se disant : « Voilà, ça fait une juive de plus. Elle le demande en plus, donc on va l’envoyer ». Je trouve que c’est subtil, c’est vraiment bien fait. D’ailleurs, ça n’est pas spécialement dit: Moi, juive, Jeanne Reichenbach, Blum… on n’insiste pas.
Et puis ils sont internés hors de l’enceinte de Buchenwald, dans un camp un peu “protégé”, si je puis dire, par rapport aux autres camps car Léon Blum est considéré comme une monnaie d’échange. Il est détenu avec Georges Mandel. C’est comme si Hollande et Sarkozy se retrouvaient aujourd’hui empri- sonnés… ils auraient un traitement de faveur. Je crois que ce qui est beau dans ce film, c’est la petite histoire dans la grande Histoire. Tout se passe pendant la guerre mais c’est surtout l’amour et ça, c’est universel. Ça pourrait aussi se passer à Mossoul ou ailleurs dans une époque de chaos entre deux personnes qui s’aiment malgré l’adversité, la violence et les crimes. Je trouve que c’est bien retranscrit.
«Maintenant que je vous ai je ne vous lâche plus », dit Jeanne à Léon. Avez-vous connu des histoires d’amour similaires, entre la folie et la déraison ?
Oui, oui, évidemment! Il n’y avait pas la guerre mais il y avait de la déraison…
L’amour qui “ne lâche plus”, c’est le véritable amour ?
Non, et heureusement car après on met trois ans à s’en remettre (rires), c’est trop fatiguant ! C’est magnifique de le vivre, on ne le décide pas d’ailleurs, on est pris dans un tourbillon… Souvent, quand on le vit, on a conscience que ce n’est pas possible et en même temps on ne peut pas l’arrêter. C’est comme une espèce de truc complètement fou qui t’emmène ; c’est jouissif, excitant, dingue mais, inconsciemment, on sait que ça doit s’arrêter parce que sinon on en crève.
De quoi rêvez-vous pour l’année 2020 ?
J’ai deux films qui sont sortis en ce début d’année: “Selfie”, qui est une satire sur les réseaux sociaux et “Je ne rêve que de vous”, mais je ne suis pas en concurrence avec moi-même (rires) ! Ce sont deux films totalement différents, l’un est une comédie satirique et l’autre un grand film d’amour. Le cinéma, de manière générale, cartonne en ce moment et j’en suis très heureuse. Car finalement, l’expérience de la salle est quelque chose d’unique. Même si on a Netflix et donc accès à tout, le cinéma demeure une expérience à part. On n’est pas interrompu par un appel ou autre chose, on peut rester dans une bulle et partir très loin. Le cinéma reste quelque chose de quasi mystique. Donc de quoi je rêve pour 2020 ? Que les gens aillent au cinéma !
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Sandrine Sebbane
journaliste
Sandrine Sebbane est directrice d'antenne RCJ. Elle présente "Les matinales",  et anime également l’émission culinaire et gastronomique « les petits plats dans les grands ».
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