Pardes
Article - Pardes

De l'antisémitisme comme perversion

Par Jean-Pierre Winter | 02 février 2004

Ajouter
Partager
J’aime
Le rêve est la réalisation « hallucinatoire » du désir nous dit Freud, ce qui signifie que nous pouvons éprouver la même satisfaction à voir notre désir se réaliser sur le mode hallucinatoire ou sur le mode réel.
Quand Moïse descend du Mont Sinaï et qu’il constate, effrayé, que les Hébreux ont eu l’impatience rapide, il en vient, comme vous le savez, à casser les Tables de la Loi, ce qui n’est pas très grave en soi – la preuve étant qu’il va se prêter à leur réécriture – ce qui est grave, par contre, c’est que Dieu, Lui-même, est furieux ! Tellement furieux qu’il envisage d’en finir avec ce peuple. Il y a alors une curieuse phrase de Moïse adres-sée à Dieu qui dit : « Mais pourquoi veux-tu en finir avec ce peuple que tu as fait sortir d’Égypte ? » Certains commentateurs se demandent si Moïse n’est pas un peu arrogant à l’adresse de Dieu et ce que pourrait signifier le fait qu’il rappelle ce que Dieu doit bien savoir puisque c’est Lui qui l’a fait, qui a fait sortir les Hébreux d’Égypte. Ils sont donc très embarrassés par cette question jusqu’à ce qu’un maître, Epstein, ait fait remarquer un jour que c’était une histoire de ton, de ponctuation et qu’il fallait lire : « Pourquoi veux-tu détruire ce peuple que Tu as fait sortir d’Égypte! », c’est-à-dire : « D’où tu crois que Tu l’as fait sortir » ? (Il ne sort pas de Suisse, il sort d’Égypte !)
J’ai été frappé par le fait que les antisémites qui tenaient le haut du pavé à l’époque de l’affaire Dreyfus avaient cette particularité que, d’une certaine façon, ils croyaient, ou plus exactement, ils savaient que Dreyfus était innocent. Que ce soit le Godefroy, le du Paty de Clam et autres, ils savaient puisque c’étaient eux qui avaient fabriqué les preuves de la culpabilité de Dreyfus. Et, du point de vue du clinicien psychanalyste, c’est une nuance qui est d’une importance capitale, ce qui va m’amener à essayer de soutenir devant vous – vous avez entendu tout au long de ce colloque parler de phobie, de paranoïa d’un côté comme de l’autre – une piste nouvelle : voir si ça marche, si on peut prendre les choses par ce biais-là et si ça peut nous permettre éventuellement d’élaborer une stratégie de réponse aux évènements auxquels on a affaire.
Cette piste, c’est celle de la perversion. Pourquoi est-ce d’une importance capitale cette nuance ? Parce que si les antisémites – je continue à me référer à l’affaire Dreyfus – si les antisémites sont des gens qui croient à l’existence, comme ils disaient, d’un Syndicat juif (l’ancêtre du" Protocole des sages de Sion » en quelque sorte), s’ils y croient vraiment alors qu’ils sont ceux qui ont fabriqué les preuves d’une culpabilité imaginaire de Dreyfus, c’est que ce sont des délirants, je dis bien s’ils y croient vraiment, c’est-à-dire s’ils le croient et s’ils y croient – pas seulement s’ils se contentent de le faire croire. Si vraiment ils adhèrent à ce qu’ils disent à ce moment-là, et c’est un critère quand nous recevons des gens qui viennent nous demander de faire un travail avec nous et que nous ressentons plus ou moins confusément qu’ils délirent, cliniquement, ce que nous allons retenir c’est leur degré d’adhésion à ce qu’ils sont en train de dire. Si quelqu’un vient me voir et qu’il me dise qu’il est un descendant des martiens avec un petit sourire qui me signifie qu’il plaisante ou qu’il voudrait être un descendant des martiens mais qu’ils sait qu’il n’en est pas un, ce n’est pas la même chose que s’il me dit qu’en lui il y a un martien qui sommeille et qu’il vient me voir pour savoir comment le faire de sortir de lui et qu’il y adhère complètement, même si c’est momentané. Je me suis donc interrogé sur ce que pouvait être ce trait psychique qui consiste précisément à savoir qu’on soutient une posi-tion qui n’est pas vraie ou, en tout cas, qui n’est pas réelle (ce qui n’est pas tout à fait la même chose, qui peut être vraie mais pas réelle) en même temps qu’entre personnes du même clan ou de la même « famille » on va soutenir le contraire, même sous une forme allusive.
Il y a cette remarquable page de Moïse et le Monothéisme où Freud fait allusion à la question de la jalousie, de ce qui n’a jamais été pardonné par les frères puînés des juifs (qui seraient les frères aînés) et Freud va jusqu’à dire qu’au fond l’antisémitisme relève des « mal baptisés ». Or « mal baptisés », dans cette affaire à prendre au sérieux, ça veut dire qu’effectivement pourraient coexister, chez la plupart d’entre nous et Freud là fait appel et allusion aux antisémites, pourraient coexister en même temps deux croyances : une adhésion consciente mais peut-être forcée, comme dit Freud, au christianisme par exemple et une croyance refoulée, une croyance inconsciente voire même déniée qui serait l’ancienne croyance païenne à laquelle il a fallu renoncer pour devenir chrétien. Au fond de tout antisémite, il y aurait comme une espèce de marranisme, c’est-à-dire une religion de façade dont on pratique les rites mais auxquels on ne croit profondément pas mais qui viendrait recouvrir une foi profonde mais dont le rituel ne s’exprimerait qu’à l’occasion par exemple des actes antisémites et des pogromes qui en témoigneraient. J’avance à petits pas mais je tiens à faire remarquer que cette étape est déjà dans Freud, qu’il précise déjà les choses de cette façon.
Pour rejoindre l’actualité avant de rentrer plus profondément dans ce qu’on pourrait tirer comme bénéfice intellectuel de ce que Freud nous a apporté, je voudrais dire qu’au fond ce qui est embarrassant dans cette affaire de l’antisémitisme, en dehors du fait qu’on veut notre peau, ce qui n’est pas négligeable, ce qui est embarrassant et peut-être plus insi-dieux que ça n’en a l’air, c’est que nous avons choisi d’avoir affaire à des gens qui ont comme Dieu un juif et que, tant que leur Dieu, c’est-à-dire ce qu’ils idéalisent au plus haut point, sera un juif, nous aurons les pires emmerdements. Nous sommes bien placés, comme psychanalystes, pour savoir que toute idéalisation se fait sur fond de haine, est un déni de haine. Il y a quelque chose d’insupportable simplement quand on y réfléchit – et je suis sûr que maintenant que je vous l’ai dit vous allez réfléchir un peu différemment à penser que ces gens-là ont choisi dans le peuple juif de quoi se faire un dieu. Et bien, ils ont avec ce dieu les rapports les plus compliqués mais, du coup, nous aussi, car il ne faut pas être complètement indifférent à la satisfaction narcissique que nous pouvons en retirer inconsciemment.
Rapprochons-nous un peu de notre sujet en continuant ce point de vue. J’ai entendu certainement comme vous dans différents reportages télévisuels ou dans ce qu’on peut lire dans les journaux, ce que disent les antisémites d’aujourd’hui qui sont souvent d’origine musulmane, je ne dis pas arabe, je dis musulmane parce que ça ne concerne pas que les Arabes (par exemple la communication du président de la Malaisie). Ils inventent des expressions du type « judéonazi » pour parler des sionistes. Hormis le côté pervers de cette manipulation linguistique qu’on connaît bien parce que c’est comme ça que le national-socialisme s’est forgé, en tordant les mots « national» et « socialisme », un accolement absolument aberrant, avec le « judéonazisme » la simple idée que les juifs d’Israël seraient des nazis et que ça peut se dire dans les facs, à la télé, à la radio impunément, nous avons un mot lourd de signification. Il signifie que les islamistes se reconnaissent, à leur insu, comme juifs occupant la place des juifs victimes de la Shoah ; mais ce n’est pas tellement qu’ils se victimisent, comme on dit – et quand on dit les choses comme ça je crois qu’on passe à côté de l’essentiel de l’affaire. Le problème, c’est qu’ap-paraît justement cette dimension effroyable, cette dimension qui fait froid dans le dos, qui fout une trouille terrible, c’est qu’on puisse être jaloux de ce que les juifs aient été exterminés pendant la Shoah, on peut en être jaloux au point de revendiquer à son insu dans son discours leur place. C’est dire que cette jalousie, dont parle Freud, va très très loin et que dans cette accusation de judéonazisme, il y a cet aveu qui effectivement est d’une horreur absolue mais à laquelle, comme psychanalystes, nous sommes habitués : on peut vouloir s’identifier à quelqu’un par le trait le plus obscur, le plus sadique ou le plus masochiste de son histoire. Ça se passe évidemment de façon tout à fait inconsciente, mais il n’empêche que ça a des effets tout à fait réels.
Alors, j’insiste sur ce point, tout cela révèle qu’il peut être désirable d’occuper la place des juifs sadisés et exterminés. On a affaire là à un vœu fantasmatique mais à un vœu. Dans la citation de Freud, il est aussi dit quelque chose qui, de ce point de vue, mérite qu’on s’y arrête parce que ça prolonge cette histoire, il est dit aussi qu’il y a, pour l’antisémite, une sainte horreur de la castration qu’incarnerait la circoncision juive. Alors, évidemment, les musulmans pourraient dire : « Écoutez, nous, de ce côté-là c’est déjà fait ! » Sauf que ce n’est pas si simple et que ce n’est pas exactement de cette façon-là que se pose le problème. Je ne vais pas rentrer dans ce détail précis entre le type de la circoncision juive et le type de la circoncision musulmane mais je voudrais quand même faire une remarque : Maimonide dans Le Guide des perplexes fait la réflexion suivante : « Pourquoi doit-on faire la circoncision à 8 jours plutôt qu’à 3 ans, ou à 7 ans, ou à 10 ans ? Parce qu’à cet âge-là l’enfant n’a pas encore l’imagination de la souffrance que ça pourrait lui procurer et donc il ne souffre pas ». Je mettrais ça en exergue de ce qui peut opposer la circoncision juive à la circoncision musulmane. C’est dire que certes les musulmans sont circoncis mais à un âge où ils ont déjà le pouvoir d’ima-giner la souffrance que ce sera. Par rapport aux juifs, c’est vrai que, de ce point de vue-là, ils sont largement désavantagés, mais je ferme la parenthèse, ce qui n’est pas sans effets. C’est à étudier dans ses effets. De Moïse et le Monothéisme on peut retenir beaucoup de choses, au moins deux. Freud, il faut le rappeler, écrit ce livre en plein apogée du nazisme et son attitude de psychanalyste consiste à ne consacrer à la psychanalyse de l’antisémitisme qu’une page, c’est dire que ce qui l’in-téresse en tant que psychanalyste ce n’est pas la psychanalyse de l’Autre, d’autant que l’autre en question ne lui a rien demandé du point de vue analytique (et, de fait, moi en vingt-cinq ans de pratique, des antisémites sur mon divan je n’en ai pas eu, ils ne viennent pas, ce ne sont pas des gens qui demandent une analyse. C’est curieux mais c’est comme ça, pour demander une analyse encore faut-il se convaincre qu’on est malade ou qu’on a des symptômes). Deuxième chose que dit Freud et qui me paraît très importante dans ce livre, c’est la différence qu’il fait entre la posi-tion juive, la position chrétienne et la position musulmane à l’égard du père. Je schématise : dans le livre Moïse et le Monothéisme, il est dit en gros ceci : « les juifs ont tué le père mais dénient l’avoir fait mais ils l’ont fait, donc pour eux le meurtre du père est un meurtre refoulé, c’est le meurtre de Moïse. Les chrétiens ne deviennent chrétiens que parce que par le sacrifice du fils, selon la loi inconsciente du Talion, ils reconnais-sent le meurtre du père. » C’est-à-dire qu’en tuant le fils la question est : quel péché peut-on avoir commis pour qu’on tue le fils ? C’est d’avoir tué le père ! Freud donc dit : « Le meurtre du Christ c’est la reconnaissance officielle de ce qu’à l’origine de l’humanité il y a eu meurtre du père. » Et il ajoute que du côté de l’Islam, eh bien, rien de tout ça, l’Islam se distingue de n’avoir aucune relation avec « le meurtre du père », d’où d’ailleurs ce que tout le monde sait, c’est qu’il est quasiment interdit de dire que Dieu est le père dans la tradition islamiste. Ça entraîne une consé-quence très importante, à savoir que le problème est bien celui du statut du « père mort ». Quand Freud dans Totem et tabou reprend ce mythe de la horde primitive avec un père interdicteur de toute jouissance avec ses fils et jouisseur lui-même de toutes les jouissances possibles, Freud dit que les frères se liguent, se rassemblent et décident de tuer le père, puis ils se mettent d’accord pour que ça ne se reproduise plus : c’est l’origine de la religion, de la morale, de l’éthique et des institutions. Mais ce qu’on oublie de dire, c’est que dans ce mythe ce sur quoi Freud va insister, c’est qu’une fois qu’ils ont tué le père pour se débarrasser de sa toute-jouis-sance il s’avère que le père mort est plus puissant que quand il était vivant – mettons ça sur le compte du surmoi si vous voulez – mais surtout ce que nous dit Freud dans Totem et Tabou c’est que ce qui se met en place à ce moment-là, qui a une force, une évidence, qui traverse la question actuelle à laquelle nous sommes confrontés, c’est qu’il existe « une volonté continuée du père mort ». C’est dire qu’en se débarrassant du père, on ne se débarrasse pas de sa volonté, et c’est ce que, peut-être, on peut verser du côté de la Promesse. La Promesse a quelque chose à faire avec juste-ment la volonté continuée du père mort (c’est une suggestion).
Mais alors, du coup, cette volonté continuée quand on est juif on y a affaire, elle a de la consistance, elle a du poids notamment pour légiti-mer par exemple notre présence sur la terre de Palestine, mais pour quel-qu’un qui n’a pas affaire à l’idée qu’il puisse y avoir une continuité du désir du père mort, c’est incompréhensible ! Pour quelqu’un qui ne peut se référer au fait qu’il habite une terre et que son papa habitait déjà cette terre-là mais que ça s’arrête là, l’idée que quelqu’un puisse venir au nom du grand Ancêtre des temps immémoriaux où il a été assassiné et où sa volonté s’est prolongée par la transmission justement, ça produit une totale incompréhension. On ne peut pas se comprendre, on ne parlera jamais sur le même terrain, c’est le cas de le dire.
Alors, pour finir, je reviens à cette question de la perversion. C’est une question extrêmement compliquée mais qui, me semble-t-il, doit être prise au sérieux et, à titre à la fois de synthèse et de provocation, je vous dirai que j’en suis arrivé à la conclusion que les juifs ou le Juif (en tant que ça n’existe pas évidemment « le Juif » ça n’existe que dans le fantasme et dans les têtes des antisémites), le Juif est le fétiche de l’antisémite et c’est à prendre au sens rigoureusement clinique. Car qu’est-ce que nous apprend Freud concernant le fétichisme dont il fait l’essence même de la perversion ? Il nous apprend que « l’enfant s’était refusé à prendre connaissance de la réalité de sa perception » (pensez à ce que je vous disais sur l’affaire Dreyfus), l’enfant se refuse à prendre en considéra-tion la réalité de sa perception ! Qu’est-ce qu’il perçoit ? Le différence des sexes : la femme ne possède pas de pénis, non ce ne peut-être vrai, fantasme-t-il, car si la femme est châtrée une menace pèse sur la posses-sion de mon propre pénis ! Ce contre quoi se hérisse ce morceau de narcis-sisme dont la nature prévoyante a justement doté cet organe. Et là Freud dit quelque chose de tout à fait surprenant Il fait un saut entre ce moment de fixation de la perversion individuelle et quelque chose qui serait d’ordre historique ou collectif puisqu’il fait cette comparaison : « c’est d’une panique semblable peut-être que sera pris l’adulte au cri de “le trône et l’autel sont en danger”, panique qui le mènera à des conséquences aussi dénuées de logique».
Une fois que les choses sont mises en place du fait de cette épreuve que nous traversons tous dans l’angoisse devant la castration, c’est-à-dire devant l’incomplétude de l’être, devant le fait que nous sommes tous des êtres incomplets à qui il manque quelque chose, certains s’arrogent la possibilité de penser qu’il existe des êtres qui seraient complets donc refusent totalement l’incomplétude. Face à ça, ce qui se met en place psychiquement chez certains individus, par exemple le pervers, comme tout un chacun, constate de ses yeux que, bien évidemment, il y a une différence anatomique des sexes, donc il est exactement dans la situa-tion (si vous me permettez le parallèle) des antisémites de l’affaire Dreyfus que j’évoquais antérieurement, c’est-à-dire que bien évidemment il voit la réalité mais, dit Freud, « il a conservé la croyance que cette réalité n’était pas comme ça ». C’est ce qui nous rend la chose difficile quand nous entreprenons par je ne sais quelle aberration de l’esprit de les convaincre de leur erreur – ce qui nous rend difficile de parler avec des antisémites et d’obtenir d’eux de leur faire rendre raison – c’est qu’ils jouent sur les deux tableaux, parce qu’ils ont justement cette double croyance. D’un côté la castration existe et de l’autre elle n’existe pas et selon l’argument que vous allez employer, ils vous répondront du lieu d’une croyance ou si ça les arrange du lieu de l’autre croyance, de sorte qu’il n’y a aucun argument rationnel qui puisse les convaincre jamais qu’ils sont dans l’erreur eu égard à la réalité.
C’est là que s’installe la dimension du fétiche. Freud dit : « dans l’instauration d’un fétiche, il semble bien plus que l’on a affaire à un processus qui rappelle la halte du souvenir dans l’amnésie traumatique. Ici aussi l’intérêt demeure comme laissé en chemin. La dernière impression de l’inquiétant, du traumatisant, en quelque sorte, sera retenue comme fétiche ». Je vous commente cette phrase difficile de Freud qui est, à mon sens, essentielle pour comprendre ce qui se passe. En somme ce que Freud avance c’est comment se constitue un fétiche et il donne un peu plus loin l’exemple, par exemple, du fétichisme de la chaussure ou du fétichisme des bas. Il dit qu’il faut partir de ceci que l’enfant va à la découverte du sexe de l’Autre en partant du bas et que, pour ne pas arriver à ce qui lui fait horreur, une horreur profonde, il s’arrête juste avant ce qui l’inquiète. Eh bien si vous rapportez ça, de façon analogique et peut-être un peu osée, à bien des choses qui se passent dans le monde d’aujourd’hui, vous vous apercevrez que les juifs sont précisément situés à la hauteur de la chaussure, c’est pourquoi je soulignais antérieurement qu’ils sont les fétiches de l’antisémite, c’est-à-dire que là où l’antisémite doit affronter quelque chose qui lui fait horreur, sur le chemin qu’il emprunte pour ça, en regardant à partir du bas, tout d’un coup il voit les juifs et il s’arrête là ; quelquefois il continue un petit peu et il voit les Américains mais, là où il ne va pas, c’est là où il y a la vraie horreur. Quelle est la vraie horreur pour les musulmans d’aujourd’hui ? À mon sens, ce n’est pas l’Intifada, ce n’est pas l’identification aux Palestiniens, ça c’est la mousse pour les médias, la vraie horreur, c’est la menace de division de la Ouma, c’est le fait que les intégristes sont en train de détruire l’unité du peuple musulman, c’est le fait que le signifiant musulman est en train de se diviser en deux – en témoignent les récents attentats en Arabie Saoudite ou dans les pays islamiques modérés. Face à cela, ils se reconstituent de l’unité en faisant du juif une unité signifiante face à laquelle, en regard, ils pourront continuer à s’imaginer que le signifiant Islam a encore son unité alors qu’elle ne l’a plus. La vraie horreur c’est la division du monde musulman.
Jean-Pierre Winter
Jean-Pierre Winter
psychanalyste, écrivain
Jean-Pierre Winter est psychanalyste. De formation philosophique et juridique, ancien élève de Lacan, il est membre et Président du Mouvement du coût freudien, issu de la dissolution de l'Ecole freudienne de Paris.
d’informations

Abonnez-vous à notre newsletter

Pour connaître et exercer vos droits, notamment le retrait de votre
consentement à l'utilisation des données collectées par
ce formulaire, veuillez consulter notre charte de confidentialité


© 2025 Akadem.org - Tous droits réservés.

Akadem garantie la protection de vos données et le respect de votre vie privée. Pour plus d’information, vous pouvez consulter la page Mentions légales.

Dans un souci d’amélioration continue de nos programmes et services, nous analysons nos audiences afin de vous proposer une expérience utilisateur et des programmes de qualité. La pertinence de cette analyse nécessite la plus grande adhésion de nos utilisateurs afin de nous permettre de disposer de résultats représentatifs. Par principe, les cookies de mesure d’audience sont soumis à votre consentement. Cependant, certains bénéficient d’une exemption de consentement sous réserve de satisfaire aux conditions posées par la CNIL. Les partenaires avec lesquels nous travaillons, Matomo Analytics, proposent des cookies remplissant ces conditions. Ce qui signifie que, même si vous ne nous accordez pas votre consentement, des éléments statistiques pourront être traités au travers des cookies exemptés. En donnant votre consentement au dépôt des cookies Matomo Analytics vous nous permettez de disposer d’information plus pertinentes qui nous seront très utiles pour mieux tenir compte de votre expérience utilisateur.
Activer

Dans un souci d’amélioration continue de votre expérience utilisateur, ces cookies nous permettent d’identifier rapidement d’éventuels dysfonctionnement que vous pourriez rencontrer en naviguant sur notre site internet et d’y remédier.
Activer