Gardiens de la révolution. Les maîtres de l’Iran
Architectes et piliers de la dictature iranienne, les "gardiens de la révolution" ont réussi à accaparer tous les pouvoirs. Tandis que les bombardements israéliens du 13 juin ont précipité l’ouverture d’un front de guerre ouverte entre Téhéran et Tel-Aviv, ce documentaire révèle la puissance d’une organisation tentaculaire qui tient le destin de l’Iran entre ses mains.
1. L’État dans l’ÉtatEn 1979, des manifestations renversent le régime du Shah d’Iran, souverain à la fois modernisateur et autocratique. L'ayatollah Khomeyni, 76 ans, exilé en France, s’empare du pouvoir et crée une milice chargée de traquer les ennemis de la révolution islamique, actant, déjà, la bascule autoritaire et rigoriste du nouveau pouvoir. Ses Gardiens de la révolution (pasdaran) sont envoyés sur le front lors de la guerre contre l’Irak (1980-1988) et deviennent un rouage essentiel de l’État. Bientôt, ils développent dans le plus grand secret un programme destiné à acquérir la bombe nucléaire. Au fil des décennies, les pasdaran mettent la main sur l’économie du pays, développent leur propre service de renseignement, gagnent des élections locales et nationales, dont la présidentielle de 2005. Fidèles à leur doctrine de réprimer toute forme de contestation, ils misent également sur une redoutable diplomatie des otages. Les destins tragiques de Rouhollah Zam, dissident politique arrêté et exécuté en décembre 2020, et de Nazanin Zaghari-Ratcliffe, citoyenne irano-britannique emprisonnée pour espionnage entre 2016 et 2022, illustrent leurs méthodes.
Pour affirmer son hégémonie sur le monde musulman, la République islamique d'Iran, d’abord isolée, a fait de la lutte contre Israël l’un de ses grands combats. Depuis plus de quarante ans, les "gardiens de la révolution" mettent en place cette stratégie en finançant un réseau de milices à travers le Moyen-Orient.
2. Les agents du chaosDepuis plus de quarante ans, les Gardiens de la révolution cherchent à asseoir leur hégémonie sur le monde musulman en finançant un réseau de milices à travers le Moyen-Orient. En 2019, les États-Unis, une cible majeure des pasdaran, les inscrivent sur la liste des organisations terroristes, alors que l’Iran doit déjà faire face à un arsenal de sanctions économiques. Isolés du système financier international, les Gardiens de la révolution construisent un mécanisme complexe de contournement des sanctions qui leur permet de continuer à exporter leur or noir et continuer à soutenir les milices de la région. En parallèle, sur le territoire national, où la pauvreté croît, les pasdaran voient leur autorité contestée, mais la répression dans le sang permet d’endiguer les révoltes. Les attaques du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023 ont désormais conduit à l’effondrement ou la paralysie d’alliés historiques comme le Hezbollah. Depuis les bombardements du 13 juin, l'Iran, déjà affaibli, semble désormais engagé dans une guerre non-souhaitée contre Israël, qui a déjà causé la mort de quelques-uns des Gardiens les plus importants.