Les livres en général encombrent. Sont perçus parfois pour inutiles, étouffants. Ils prennent de la place, occupent l’espace, amassent la poussière. À moins d’être interpellés, ouverts, dépliés, ils se taisent obstinément. Certains encombrent particulièrement car on ne les a pas choisis tout comme on ne choisit ni sa famille ni ses parents.

À regarder leurs reliures et pages de titre, on voit bien qu’ils pourraient servir de guide de la vie et des centres d’intérêts des Yids du Paris de l’après-guerre et des années suivantes qu’ils inventorient. Pour peu qu’on leur prête attention voilà qu’ils se mettent à raconter une époque. Ils en témoignent. Comme tout livre qui se respecte ils sont titrés, édités, datés, parfois dédicacés.

Les titres indiquent ce dont ils parlent, les lieux et dates d’édition racontent leurs provenances et leurs situations dans le temps : publiés à Paris, New York, Buenos-Aires, Tel Aviv ou encore Moscou, ils indiquent la présence des imprimeries et des presses en yiddish, nombreuses ou rares, qui signalent ainsi, par devers elles, la vivacité si ce n’est l’existence de communautés juives yiddishophones à un moment ou un autre du 20e siècle.