À partir des rushes de Shoah non retenus au montage, Guillaume Ribot signe un documentaire aussi émouvant que rigoureux en forme de road-movie, à la hauteur de cette œuvre monumentale qui demanda à Claude Lanzmann douze années de travail acharné.
Treblinka, 1978. Une main tourne l’interrupteur d’un autoradio sans âge, et la Symphonie n°7 de Beethoven monte dans l’habitacle d’une vieille voiture, tandis que la caméra se redresse vers le profil de Claude Lanzmann. Une voix off accompagne ce plan-séquence introductif : "La réalisation de Shoah a été une longue et difficile bataille. Je voulais filmer mais je n’avais que le néant. Le sujet de Shoah, c’est la mort même, la radicalité de la mort […] Mais j’ai toujours tenté, pendant ces douze années de travail, de regarder sans échappatoire le noir soleil de la Shoah." À partir du livre Le Lièvre de Patagonie (éd. Gallimard), Mémoires du cinéaste, dont on commémore le 27 novembre le centenaire de la naissance, et de deux cent vingt heures de rushes non utilisés au montage, Guillaume Ribot éclaire le chemin qui a mené à cette œuvre-monument sur l’extermination des juifs d’Europe.