J.L. Allouche - journaliste, présentateur - T. Nathan - ethnopsychiatre
Jean-Luc Allouche est journaliste. Il a été rédacteur en chef à Libération jusqu'en 2007, correspondant de ce journal à Jérusalem de 2002 à 2005. Il est également traducteur (hébreu, anglais). Il enseigne le journalisme à l’Université Paris 3.
Tobie Nathan est né en Egypte en 1948. Il est professeur de psychologie clinique et pathologique à l'Université de Paris 8.Il a créé la première consultation d'ethnopsychiatrie en France, en 1979, au service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de l'hôpital Avicenne (Bobigny). Il a fondé en 1993 Le Centre Georges Devereux, Centre universitaire d'aide psychologique aux familles migrantes, au sein de l'UFR Psychologie, Pratiques cliniques et sociales de l'Université de Paris 8, centre qu'il a dirigé de 1993 à 1999. De 2004 à 2009, il a été Conseiller de Coopération et d'Action Culturelle près l'Ambassade de France en Israël à Tel-Aviv. Il est aussi romancier et a publié plusieurs romans et, en collaboration, une pièce de théâtre.
Evaluer l'importance d'une fraude financière est possible. Cependant, comment prendre la mesure d'un presque mensonge, de la mauvaise foi ? Par exemple dans l'industrie pharmaceutique ou dans les imbrications écolo-scientifico-idéologiques. Et comment arbitrer des manigances poli-tiques, apprécier les supercheries de certains professionnels de la communication ? Henri Atlan, membre du Comité Consultatif National d'Éthique à sa création, choisit de nous éclairer à l'aide du concept d'onaa qui désigne en hébreu à la fois la fraude, dans les transactions financières, et la blessure verbale infligée par des paroles. Le monde de l'onaa est celui de l'entre-deux: on ne rêve plus ici de Platon, d'une vérité absolue, totale. À l'idéal d'une impossible pureté, on substitue la conception d'une réalité plausible, utilisant les limites de la loi pour imposer un moindre mal. Le monde de l'onaa est celui du presque vol, du quasi-mensonge. Nous sommes ici dans un univers de pratiques qui ne croit pas à la pureté d'une solidarité fusionnelle, garantie par la présence d'un dieu. Aujourd'hui, il semble qu'aucun discours, pas même l'usage d'énoncés scientifiques, n'est à l'abri de dérapages frauduleux, volontaires ou involontaires. En temps de crise financière et morale, qui fragilise les démocraties, Henri Atlan éclaire des textes quelquefois anciens pour repenser le statut de la fraude dans notre monde contemporain.
Pour en finir une fois pour toutes avec la conception " lacrymale " de l'histoire juive qui ne veut voir que malheur, persécution et tristesse accablant sans cesse les Juifs au cours de leur histoire, il suffit de montrer que, " face au pouvoir ", ceux-ci se comportent comme tous les acteurs : ils s'efforcent d'adapter leurs actions à des environnements politiques contrastés et mettent en oeuvre des stratégies politiques multiples. Mais analyser leurs comportements " face au pouvoir " suppose non seulement de jeter un regard comparatif sur leurs différents rapports au politique, selon le type d'État et d'environnement démocratique qui s'y rencontre, mais encore d'interroger l'incidence, sur ces comportements, des mutations proprement politiques en cours - des menaces sur l'État-nation à travers le déclin de ses attributs régaliens à la remise en cause de ses frontières par le transnationalisme et les phénomènes de globalisation. Devant ces grands changements, le lien qui unit traditionnellement les Juifs à l'État est-il menacé, bouleversant aussi les fondements de leur citoyenneté ? À l'encontre de l'ancienne alliance royale, avec ses aléas, la démocratie pluraliste s'offre-t-elle, pour autant, comme le cadre le plus sûr de leur existence ? Serait-il préférable qu'ils demeurent loin du pouvoir politique, loin de l'État ? Devraient-ils, dès lors, se tenir au-dedans de la seule société civile, même s'ils redoutent, parfois à juste titre, le règne de l'opinion publique, avec ses excès, cette " face noire de la démocratie " qui laisse s'exprimer librement les idées les plus radicales ? L'Europe pourrait-elle être un substitut capable d'assurer leur sécurité ?
Le Hezbollah. De la doctrine à l'action: une histoire du "parti de Dieu"
Né il y a une génération, au cœur de la guerre du Liban, le Hezbollah est tout à la fois un corps communautaire et un système sécuritaire fondé sur un esprit de lutte contre un ennemi : Israël. Ce combat est présenté par le parti comme l'expression la plus aiguë d'un affrontement entre " dominants " et " dominés". Pour ses militants, il a des racines pluriséculaires. Appuyé sur une assise populaire, libanaise et arabe, le Hezbollah alimente le culte d'un chef charismatique, défend l'homogénéité d'une doctrine, sacralise son outil militaire au nom des mille quatre cents "martyrs" tombés depuis un quart de siècle et maintient - en mode mineur, désormais - son allégeance à une autorité non nationale investie d'un pouvoir transcendant. De cet acteur majeur de la donne géopolitique au Proche-Orient, les auteurs retracent ici l'histoire, et donnent à lire des documents inédits ou jamais traduits dans leur intégralité - dont la lettre fondatrice de 1985 et la charte de 2009 -, sources de l'action du "parti de Dieu".
Le Minimum humain. Réflexions juive et chrétienne sur les valeurs universelles et sur le lien social
Lorsque Noé sortit de l'arche, Dieu lui donna les préceptes qui allaient permettre à l'humanité de prendre un nouveau départ. Selon la tradition juive, tandis que la Loi confiée à Moïse vaut pour le seul peuple de l'alliance, les sept préceptes reçus par Noé contiennent le minimum humain indispensable à la constitution du lien social dans des sociétés multiculturelles. Comment la pensée chrétienne comprend-elle cette tension entre l'universel et le singulier ? N'a-t-elle pas succombé plus d'une fois à la séduction d'un universel centrifuge qui. de proche en proche, coloniserait tout l'espace ? Certes, l'Evangile est une " bonne nouvelle " plutôt qu'une Loi ; les Béatitudes suggèrent toutefois un art de vivre l'universel comme un don et comme une éthique de responsabilité. Le débat s'élargit finalement à l'islam et à l'humanisme laïque. Chacun des quatre partenaires présente sa manière propre de nouer des valeurs proposées comme universelles avec le message singulier qu'il désire faire entendre. Les points de rencontre ou d'écart ne sont pas toujours là où on pouvait les attendre.